Au-delà de l'opposition valide et handicapé
EAN13
9782749278056
Éditeur
Erès
Date de publication
Collection
Connaissances de la diversité
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Au-delà de l'opposition valide et handicapé

Erès

Connaissances de la diversité

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Il est évident que les personnes en situation de handicap, sont infériorisées,
quand ce n’est pas mises de côté ou méprisées, parce que la validité est
préférée, sert de référence et impose ses normes. Ayant rappelé ce constat,
largement établi, je me suis demandé s’il était possible de penser un
dépassement, voire une abolition, de cette opposition ruineuse. Le premier pas
est de montrer le caractère historique, et donc contingent, de l’idée de
normalité qui remonte au début du XIXe siècle et qu’ont déconstruite Georges
Canguilhem,  Michel Foucault ou Erving Goffman. Mais il m’a semblé
indispensable de prendre acte de l’immense courant de pensée contemporain qui
remet en question de multiples oppositions sur lesquelles on se reposait comme
des acquis. C’est le cas des anthropologues comme Philippe Descola dans sa
démonstration que notre opposition nature/culture, notre naturalisme, n’est
qu’un système parmi d’autres. Dans la même lignée se situent d’autres
anthropologues, tels Eduardo Kohn et surtout Bruno Latour. À bien regarder
dans d’autres sciences, le même mouvement de se défaire des oppositions que
l’on croit intangibles est à l’œuvre. C’est le cas en sciences du langage,
telle la question du neutre chez Roland Barthes ou de la logique issue de la
physique quantique chez Stéphane Lupasco. C’est aussi, en cohérence avec ces
sciences, et sans doute parfois en influence souterraine, que se comprend le
domaine de déconstruction de l’opposition, établie elle aussi comme
insurmontable, entre le masculin et le féminin, dans ce qui est devenu les
recherches et théories du genre.    Il ne s’agit pas de tout mettre sur le
même plan, car chacun a sa particularité, et ce n’est pas la même chose d’être
en fauteuil roulant, ou avoir une maladie mentale et être parfaitement à
l’aise dans l’espace social, mais il n’y a que des situations sur un
continuum, non hiérarchique, non stigmatisant, non discriminant. Si une étude
comme celle-ci ne peut prétendre constituer un programme politique complet,
elle peut néanmoins indiquer des pistes, afin d’être cohérent avec ce
continuum des existences humaines. Je développe une nouvelle façon d’être
ensemble, tant au niveau des regroupements spécifiques que dans la société
globale : décloisonner toutes les catégories au profit d’associations centrées
uniquement sur les individus. Cette perspective implique une politique
publique nouvelle, non plus à la recherche de savoir où mettre les personnes
dites handicapées, mais de savoir comment répondre aux besoins divers
d’individus divers. Les politiques menées en Suède ou au Québec, sans en faire
des modèles, peuvent nous inspirer. La première condition pour atteindre cet
objectif est de se mettre dans la perspective de la société inclusive, qui
n’est pas celle de la simple insertion, poursuivie par les gouvernements en
faisant croire qu’elle est inclusive. Il y faut aussi un nouveau mouvement des
personnes dites handicapées elles-mêmes.
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