Chestov Et La Question Existentielle

L’œuvre de Chestov a […] consisté dans l’exposé d’émotions, de projets, de discussions, d’écrits vivants dont la valeur critique était l’écume de l’échange des données du sens interne en général, le temps – donc des idées de la communauté humaine – et non des sensations. C’était presque déjà une logique du sens, mais pas du tout au sens de Deleuze ou au mien. La seule méthode susceptible de fécondité était la mise à jour des pensées des grands génies qu’on applaudit, mais auxquels on ne passe rien. Par exemple Crime et châtiment de Dostoïevski est le discours de Chestov sur la liberté et la libération : Chestov s’en va quérir parmi les grands esprits l’opinion vraie accompagnée de raison, si bien que l’étude de la pensée de Dostoïevski est l’étude de la pensée de Chestov et ainsi de suite. Il se forgeait ainsi une pensée en développant celle des autres avec une incroyable précision. Le présent travail est une reproduction critique des grands exposés de Chestov : Tolstoï, Dostoïevski, et plus tard Nietzsche, Kierkegaard. On n’a donc pas envisagé, par exemple, de restituer toute l’œuvre de Dostoïevski, mais seulement les trois écrits sur la liberté et la libération et la doctrine du malheur – Les souvenirs de la maison des morts, Crime et châtiment, le Sous­sol.