Les mécanismes de défense, théorie et clinique
EAN13
9782200342548
ISBN
978-2-200-34254-8
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Cursus
Nombre de pages
320
Dimensions
2,1 x 1,5 x 0,2 cm
Poids
418 g
Langue
français
Code dewey
155.2
Fiches UNIMARC
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Les mécanismes de défense

théorie et clinique

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Armand Colin

Cursus

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Introduction?>Cet ouvrage est consacré à l'un des concepts clés de la psychanalyse, de la psychopathologie et de la psychologie clinique. Décrit dans les premières études de Freud sur les névroses – plus précisément, sur les psychonévroses de défense– le concept de mécanisme de défense doit, en bonne partie, sa célébrité à Anna Freud qui lui consacra la première étude monographique. Maintenant centenaire, ce concept se porte bien : non seulement il ne donne aucun signe de vieillissement, mais il intéresse, de plus en plus, les chercheurs et les praticiens.Une preuve incontestable de cet intérêt est la hausse constante du nombre des publications qui lui sont consacrées entièrement ou partiellement. En effet, le nombre des documents ayant comme descripteur « mécanismes de défense », enregistrés dans la banque PsycLIT au cours des vingt dernières années, est passé de 483, pour la période 1976-1980, à 597 (de 1981 à 1985) puis à 1050 (de 1986 à 1990), pour atteindre un total de 1169, durant la période allant de 1991 à 1995. Cela signifie qu'au cours des cinq dernières années deux articles consacrés aux mécanismes de défense ou abordant ce concept sont rentrés, en moyenne, tous les trois jours, dans la banque PsycLIT.Comment s'explique ce succès sans précédent? Quelles sont les raisons de cette popularité des mécanismes de défense qui dépasse celle de tous les autres concepts fondamentaux de la psychanalyse? Même l'inconscient, pourtant très à la mode au cours des dernières années, pourrait en être jaloux.Les réponses nombreuses et complémentaires à ces questions seront analysées en détail dans la première partie de cet ouvrage. Soulignons, cependant, le rôle important que jouent les mécanismes de défense dans le fonctionnement psychique normal et pathologique, tout comme leur complexité et leur diversités. Greffé sur cette diversité, le refus, souvent exprimé, de toute perspective exhaustive ou systématique a entraîné un certainflou quant à la terminologie, à la définition, au nombre et à la classification des mécanismes de défense. En 1971-1972, dans le cours donné à l'Institut de psychologie sur les mécanismes de défense, Widlöcher notait déjà que ce concept de première importance, dont il est fait un usage quotidien, est resté très mal précisé sur le plan de la théorie psychanalytique. Ainsi, l'importance d'un concept combinée aux imprécisions le concernant a occasionné des débats, des polémiques et de nouvelles recherches, qui ont augmenté considérablement le nombre des publications sur le sujet.L'intérêt, en constante progression, pour les mécanismes de défense a trois autres explications.Premièrement, la diversification de l'utilisation des mécanismes de défense dans la pratique. Si au départ, les mécanismes de défense ont permis une meilleure compréhension du fonctionnement psychologique aussi bien normal que pathologique, ils trouvent maintenant de nouvelles applications dans la pratique clinique en tant que marqueurs du fonctionnement psychique des patients au cours des psychothérapies ou comme indices diagnostiques et d'évolution des troubles psychopathologiques. Mais l'utilisation des mécanismes de défense dépasse de plus en plus le champ de la psychopathologie et devient courante dans des domaines comme la prévention et l'éducation pour la santé, la médecine des troubles physiques ou la sélection professionnelle.Deuxièmement, l'apparition et le développement de trois directions d'étude concernant l'ontogenèse et l'évolution des mécanismes de défense au cours du cycle de vie, leur évaluation et leur mise en relation avec d'autres stratégies adaptatives, notamment avec les mécanismes de coping et de dégagement. En raison de leur importance, ces directions de recherche font l'objet de chapitres distincts dans la première partie de cet ouvrage.Troisièmement, la diversification des approches utilisées dans l'étude des mécanismes de défense. Dans un premier temps, les mécanismes de défense ont été ignorés, non sans une certaine arrogance, en raison de la purification notionnelle opérée dans le contexte de la psychopathologie athéorique et des excès de la révolution cognitive. C'est à cette époque qu'on a pu entendre ce qui s'est avéré une mise en garde prémonitoire: « Ne jetez pas avec l'eau du bain le bébé de la psychanalyse. » La suite des événements a montré, en effet, que le concept de mécanisme de défense était attrayant, fort, voire indispensable. Au point où maintenant – le mot n'est pas, sans doute, trop fort – tout le monde se l'arrache! Après une entrée discrète dans le DSM III-R, le DSM-IV propose une échelle de fonctionnement défensif, reconnaissant que la compréhension du fait pathologique est impossible sans l'utilisation du concept de mécanisme de défense. En même temps, les nouvelles directions de recherche dans ce domaine sont le résultat de la diversification des approches utilisées dans l'étude des mécanismes de défense: approche développementale (pour l'ontogenèse etla perspective cycle de vie), approche quantitative-comportementaliste (pour l'évaluation) ou cognitiviste (dans le cas de l'étude des relations avec les stratégies de coping). Ainsi, un concept fondamental de la psychanalyse est soumis à des éclairages très différents, à première vue antinomiques.Devant cette récupération d'un concept psychanalytique dont la valeur clinique n'est plus à démontrer, les réactions n'ont pas tardé. Retenons celle d'un psychanalyste américain très connu, Vaillant (1993), qui affirmait: « Il est temps que le moi et ses défenses soient vus comme des facettes de la réalité psychobiologique et non pas comme des objets du culte psychanalytique. » Ce propos montre à quel point les mentalités changent et laisse prévoir des évolutions intéressantes pour ceux qui pensent possible le développement d'une psychopathologie intégrative.Les réactions aux dernières évolutions concernant les mécanismes de défense ne constituent pas un fait nouveau. En 1936, Le Moi et les Mécanismes de défense de A. Freud apparaissait comme un ouvrage très audacieux, révolutionnaire même. Trente-six ans plus tard, dans ses entretiens avec Sandler (1985/19891, A. Freud raconte qu'un psychanalyste très distingué lui avait dit qu'à cause de ce livre, elle allait se retrouver en dehors du mouvement psychanalytique. À un autre moment, elle rapporte que, selon Deutsch, Le Moi et les Mécanismes de défense rompait à jamais les relations de son auteur avec les analystes parce qu'on y traitait du moi et non pas du ça. Lorsque Sandler s'écrie, au début de leurs entretiens, «Qu'il a dû être difficile d'écrire un tel livre à l'époque! », A. Freud réagit en faisant part de l'attitude d'un autre psychanalyste connu, Fenichel, qui disait qu'elle avait « toujours cessé de parler des choses dès qu'elles devenaient réellement intéressantes », ce qu'elle interprète comme voulant dire que les détails qu'elle ne donnait pas « auraient pu faire tort à la clarté du tableau qu'elle voulait dresser ».À plusieurs moments, dans ces entretiens, A. Freud évoque l'atmosphère qui régnait en 1936, lors de la publication de son ouvrage sur les mécanismes de défense et précise les raisons des attaques auxquelles elle avait été soumise. À une époque où la valeur d'un analyste s'évaluait en fonction de la distance, par rapport à la surface, de ce qu'il explorait, où la tendance était de pénétrer de plus en plus profondément dans l'inconscient, l'introduction du moi paraissait suspecte à bien des analystes. Or, A. Freud avait défendu l'idée que la position de l'analyste « devait être équidistante du ça et du moi, de la surface et de la profondeur ». « Ce fut une méprise, écrivait-elle, de penser que nous devrions uniquement explorer les profon-deurset envisager cela comme de l'analyse. À ce propos, les profondeurs, à elles seules, ne peuvent jamais produire une névrose. Cela ne peut se produire qu'en interaction avec la surface » (Sandler, 1985/1989). Sans douter de la justesse de sa position au plan théorique, A. Freud reconnaît cependant, qu'en raison de l'atmosphère qui régnait dans les milieux psychanalytiques, le premier chapitre de son livre, Le Moi et les Mécanismes de défense (1936/19...
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