Montaigne et la « culture de l'âme »

Lorsque Montaigne s'intéresse à l'âme, il ne s'engage pas sur la voie de la métaphysique. Bien au contraire, ce sont ses heurts et malheurs, ses liens avec le corps qui sont au centre d'une réflexion toujours en mouvement. En effet, l'auteur des Essais, donne avant tout à l'âme un sens psychologique. Il voit plutôt en elle une puissance énigmatique, qui sommeille chez les animaux et s'emporte vers le sublime chez les « plus excellens hommes » et chez les poètes. L'écrivain se doit donc de la scruter, car il lui doit ses plus belles rêveries, ses saillies les plus audacieuses, ses improvisations les plus géniales. Elle ne lui propose pas des idées bien achevées mais une « pensée tumultuaire » et un rythme, sans lesquels il n'existe pas de grand livre.