Eireann Yvon

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Amoureux de la lecture et de la Bretagne, j'ai fait au hasard des salons littéraires de la région beaucoup de connaissances, auteurs ou lecteurs.
Vous trouverez mes chroniques ici :
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A bientôt.
Yvon

Conseillé par
19 septembre 2019

Huis-clos insulaire.

Bréhat est un des endroits sur terre qui se rapproche le plus du paradis. Étant né en face à Paimpol, je suis certainement très chauvin. Mais cette île peut être un enfer, en cas d'énormes tempêtes comme c'est le cas dans ce roman.
« Chez Armance », la maison d'hôtes de l'île de Bréhat s'est spécialisée dans l’accueil d'auteurs en cours d'écriture (ou en panne d'idées parfois).
La beauté de l'île incite au travail... ou au farniente.
C'est pour le farniente ou plus si affinités que débarque également Perrot, nouvellement promu commissaire et sa collègue Jeanne Sixte.
Mais pour les auteurs ou pour les policiers, rien ne va se passer comme prévu.
En effet, la météo se déchaîne, toutes les relations maritimes et communications de quelque manière que se soit sont au point
mort !
L'île est coupée du continent. En plus la découverte d'un cadavre sur une plage ne va pas aider à la sérénité des habitants de l'île, car c'est obligatoirement un de ceux-ci qui a assassiné cet homme, que personne ne semble connaître. Sur une île, où en général tout se sait, c'est pour le moins étrange. Qui est-il ?
Les policiers, bien qu'ils n'aient aucun mandat pour exercer dans le département des Côtes d'Armor, vont s'atteler à la tâche... qui bien entendu ne s'annonce pas simple. Perrot et Sixte vont être amenés à côtoyer les auteurs qui semblent tous avoir quelque chose à cacher ? Relations amoureuses, jalousies, un couple dont le mari semble abuser de son pouvoir sur son épouse, un écrivain grande gueule qui a connu un certain succès, deux femmes aux relations ambiguës.
La priorité est la suivante : Qui est-il et accessoirement que fait-il à Bréhat, dont c'est la morte saison.
Un habitant de la partie nord de l'île va leur donner l'adresse où il loge. Une maison d'hôte retirée qu'ils vont visiter et où il vont découvrir l'identité de la victime. C'est un canadien du nom de Georges Dufresne. Mais cela ne résout en rien les raisons de sa venue à Bréhat, à moins qu'il n'y connaisse quelqu'un, quelqu'une ou plusieurs personnes ?
L’enquête sera longue car les îliens ne sont pas spécialement bavards surtout quand ils ont peut-être plusieurs choses à se reprocher et que certains n'ont aucune envie de voir leurs passés qu'ils espéraient enfouis, resurgirent !
Beaucoup de personnages durant ce huis-clos de bruits et de fureur, dans ce roman dont la filiation avec le roman d'Agatha Christie est évidente et bien exploitée.
Une lecture très agréable, plus que la météo qui sévissait durant cette enquête. Huis-clos insulaire.

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17 septembre 2019

Mourir mais avec le sourire !

Auteur américain (1894/1961) que je découvre avec ce recueil de textes, dont certains sont des sortes de parodies de romans noirs ou de romans d'espionnage, en particulier le texte qui donne son titre au recueil.
Ce livre commence par une préface de Donald Westlake, qui bien sûr, dit tout le bien qu’il pense de James Thurber. Autre originalité, la quatrième de couverture, un dessin et quelques mots :
- Des criminels à mourir de rire ! »
Treize nouvelles et deux interludes constitués de dessins de l'auteur. Titres des nouvelles :
- L'Homme qui en savait trop peu. Le cas extraordinaire de M. Bruhl. M. Preble se débarrasse de sa femme. Tutoyer les sommets. Interlude. Un ami pour Alexander. La dame du 142. L'enfer ne se déchaîne qu'une fois. L'affaire Macbeth. L'après-midi d'un dramaturge. Interlude. Little Joe. Le dossier Lapin blanc. La vie secrète d'Harold Winney et Les archives de James Thurber.
« L'homme qui en savait trop peu » est une parodie du roman de John Le Carre. Nous sommes à Paris au café de Flore, un couple qui boit du champagne voit un homme seul s’installer à leur table. S'ensuit une conversation où l'importun dit leur soumettre un problème !
« M. Preble se débarrasse de sa femme ». Lorsque Monsieur Preble demande à son épouse de descendre à la cave avec lui, ce n'est pas pour aller chercher du vin. Mais plutôt pour la mettre en bière !
Dans « Tutoyer les sommets ». Monsieur Martin a pris une grande décision, celle d'effacer Madame Ulgine Barrows, mais qu'entend-il par effacer ? Réparer une erreur ?
« L'enfer ne se déchaîne qu'une fois ». L'auteur nous avoue qu'il a écrit ce texte après avoir lu « Le Facteur sonne toujours deux fois » de James M. Caïn. Sauf qu'ici, ce n'est plus de l'amour mais de la rage !
« L'après-midi d'un dramaturge ». Un texte que j'ai beaucoup aimé, mais que cet après-midi fût dramatique ! Tellement dramatique que le dramaturge tentât de se suicider. Hélas, il but la bouteille de whisky qui n'était pas empoissonnée ! Un après-midi de chien !
« Le dossier Lapin blanc ». Un monde étrange, Madame Lapinot demande l'aide de Fred Fox pour retrouver Daphné, une de ses très lointaines descendantes. Une visite dans une boîte de nuit peuplée de personnages inhabituels, Ben Lerat, Franz Grenouille, Oliver Hoot dit « le Hibou », Sherman Cigogne ou l'inspecteur Mastiff et le sergent Teckel.
Beaucoup de personnages dans ce livre, comme un certain Samuel Bruhl avec sa drôle de cicatrice sur la joue, reste d'un chute de jeunesse. Qui se souvient encore d'Alexander Burr, tué en duel par Aaron Burr, troisième vice président des États-Unis ? Un homme, Andrews, mais il va en perdre la vie !
Une drôle d'annonce dans une gare « Le chef de train Reagan sur le 142 a la dame que le bureau recherche ». Qui est cette dame et pourquoi ce chef de train la recherche ? Et le train 142 c'est lequel ? Celui qui vient de New-York et qui est déjà reparti. Le drame de Shakespeare revisité par James Trauber, une Américaine enquête dans la campagne anglaise. Des gangsters un peu dépaysés, un comptable un peu escroc et pour couronner le tout « Les archives de James Thurber ».
J'ai adoré en particulier deux textes : L'après-midi d'un dramaturge et Le dossier Lapin blanc.
J'aime beaucoup ce genre littéraire, des histoires loufoques qui étaient une des spécialités du « New-Yorker » et reprises en France par les éditions du « Wombat » dans leurs différentes collections.
Une petite merveille de non sens à l’anglo-saxonne.

9,00
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17 septembre 2019

Qui suis-je ?

Roman traitant de la quête d’un homme pour retrouver qui il était !
Une terrible tempête, un voilier qui coule, par miracle un rescapé, qui devient bien malgré lui une sorte de Robinson Crusoé moderne. Il passe des années sur une île pas répertoriée mais nommée Gaolan. Il est découvert le 1er novembre, par les membres d’un bateau de pêche, le Marie-Roxane de Loguiven. Il devient en Bretagne Toussaint Galoan, et recommence une nouvelle vie, se marie et devient un patron pêcheur exemplaire et apprécié sur le Marie-Roxane !
Ce bonheur se poursuit pendant plusieurs années. Mais le proverbe populaire dit « Que les bonnes choses ne durent pas toujours ».
Des signes avant-coureur de problèmes surgissent, une silhouette lointaine et immobile, une lettre contenant une photo de femme avec ces mots au verso, ce n'est pas du français, mais il comprend pourtant :
- « Qu'avez-vous fait de Milfred Nandson ? »
Puis la même question lui est posée par téléphone avec une identité qui n'est pas la sienne :
- « Qu'avez-vous fait de Milfred Nandson, monsieur Tommy McGrawen ?».
Une panne du bateau le bloque à quai, lui et son équipage. Un accident ou un sabotage ? Plusieurs événements semblent indiquer au patron pêcheur que quelqu'un en veut à sa vie : un rocher qui tombe le manquant de peu, un de ses marins meurt empoissonné après qu'il ait inversé sa place au bar avec son patron, puis ayant poursuivi la mystérieuse silhouette, il échappe de peu à l'incendie d'une baraque où il avait été piégé !
Une autre coupure de presse lui donne un nom « Grasslin » et le nom du vainqueur d'un concours de fléchettes Tommy McGrawen.
Grasslin est une ville de l'île de Bordan, au sud de l'Islande. Toussaint Galoan décide s'y rendre pour savoir qui il est réellement. Est-il Tommy McGrawen ?
Ce dernier était un enfant turbulent, une mauvaise farce un dimanche à l'église a déclenché la colère des paroissiens et la mort de son père. Il a été élevé par l'instituteur du village. Mais qui était Milfred Nandson ? Et pourquoi demander des comptes à Tommy Mc Grawen ?
La suite de son enquête débouchera sur un drame qui aura une fin dramatique.
Ce naufragé, ce miraculé sauvé par le Marie-Roxane est-il Tommy McGrawen ?
Si oui, pourquoi le poursuivre ainsi ? Et qui ?
La solution se trouve très loin dans le temps et à des kilomètres de la Bretagne.
Un suspense très bien mené, et toujours la belle écriture de Daniel Cario, passant du roman traitant de la Bretagne à des romans très noirs, avec un égal succès.

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16 septembre 2019

Je vous écris....

Henry David Thoreau fut en son temps un écrivain prolifique.
En dehors de ses deux chefs d’œuvre (les plus connus) que sont "Walden" ou "La désobéissance civile", sa bibliographie est pléthorique.
Mon exemplaire de « La désobéissance civile » date de mil neuf cent soixante huit, je l'ai relu il y a peu. Quelques années après j'ai lu « Walden ou la vie dans les bois » que je me suis promis de relire depuis très longtemps.
Son journal par exemple a été édité en quatre volumes chez « Finitude » qui sont bien rangés dans ma bibliothèque. Trois volumes sont prévus à « La Part Commune » pour sa correspondance ; ici, il s’agit du premier tome qui couvre les années de 1834 à 1846.
Il est à noter que d'après l'état civil il se nomme David Henry Thoreau !
Cet ouvrage comprend, en plus de 146 lettres écrites ou reçues, une préface (très instructive) et une note sur l’édition en début d’ouvrage. Il se clôture par de nombreuses pages (plus de 100) de notes absolument indispensables, un index de noms et une chronologies des lettres.
Si certaines lettres sont d'une haute tenue littéraire, certaines par contre ont un côté très matériel :
-Monsieur.
Les occupants du numéro trente-deux à Hollis Hall aimeraient que cette chambre soit peinte et chaulée, et si possible aussi qu'on y installe une nouvelle cheminée. Respectueusement vôtre. Thoreau & Richardson.
Pour moi il est très difficile de parler d'un livre concernant des correspondances, car ce n'est en général pas une lecture très facile.
Les personnages de ce livre sont les multiples correspondants de Thoreau, sa famille, sa mère Cynthia Dunbar, son père John Thoreau Sr, son frère John Thoreau Jr (mort très jeune), ses sœurs Sophia et Helen. On trouve également une très importante correspondance avec Ralph Waldo Emerson, chef de file du mouvement transcendantaliste américain au début du XIXe siècle, avec qui il entretenait des relations très étroites. On trouve aussi des correspondances avec des anonymes. On trouve un dénommé John White Webster, diplômé de Harvard, professeur qui fut pendu pour le meurtre d'un médecin à qui il devait de l'argent !
Certains des correspondants de Thoreau sont des anonymes qui n'ont pas tous laissé une trace dans l'histoire des États-Unis, ni dans le monde littéraire.
Une lecture passionnante mais très ardue, car elle nécessite des incessants aller et retour entre la lecture du courrier et des notes qui permettent de mieux situer les destinataires des dits-courriers.

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10 août 2019

Secrets de famille...

Second roman de Valérie Brun, après quelques très bon recueils de nouvelles.
Nous sommes en 1984, Marie Nolat est intriguée par un manuscrit, le courrier de présentation est signé du nom de F.Talon... nom qui est la version verlan du sien !
Le manuscrit commence en octobre 1943 à Grenoble. Léa Brachet est une jeune fille insouciante et amoureuse. Que l'élu de son cœur, le Capitaine Hans Schiffer, soit un officier allemand ne la dérange pas ! Elle passe pour « La paillasse à boches » mais elle méprise ces femmes. Comble du bonheur, elle doit aller à Paris avec Hans et elle est enceinte !
Enfin cela, c'est ce qui est prévu, la vérité est que son chevalier servant la drogue et l'abandonne dans une maison close. Et elle n'est pas la première, semble t-il !
Pour elle la vie n'est pas facile, elle n'est pas obligée de vendre son corps, mais elle ne comprend pas et espère percevoir la conduite de Hans. Une seule femme lui porte un peu de chaleur humaine, Mika la pianiste. Un médecin, le docteur Léon, lui rend des visites régulières, la guerre entre les forces d'occupation et les maquisards fait rage.
Les mois passent et elle accouche de jumeaux, un garçon et une fille.
Mais le manuscrit s’arrête net.
Alors Marie Nolat va tout mettre en œuvre pour vérifier la véracité de ce texte. Lire les archives, questionner des historiens, visiter les musées et les cimetières pour retrouver la trace de Léa Brachet. Une photo la met sur une piste inattendue, celle de sa propre famille. La confrontation avec sa mère et son père mourant va être houleuse et bouleverse Marie. Claude, le meilleur ami de son père, lui conseille de ne pas poursuivre ses recherches. Que cache ce silence familial ? De quel côté étaient-ils : collaborateurs ou résistants ?
Quels secrets ses silences veulent couvrir ? Et que vient faire l'auteur de ce manuscrit dans la grande Histoire avec un H majuscule ou la petite, la sienne ?
Toujours la belle écriture de Valérie Brun. En historienne, elle nous restitue la vie de cette époque troublée dans cette région où la résistance s'est petit à petit organisée et fédérée.
Cette période de l'histoire marque encore la vie de certaines familles, malgré ou à cause du silence de pas mal de protagonistes.
Un excellent roman qui nous interpelle sur notre propre histoire dont nous ne soupçonnons pas certains aspects.