Propos sur la religion
EAN13
9782824906454
Éditeur
République des Lettres
Date de publication
Collection
Alain
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Propos sur la religion

République des Lettres

Alain

Indisponible
"J'ai pris pour moi cette puissante vue de Hegel, que la philosophie n'est que
la réflexion sur la religion, définition qui m'a paru excellente. Cherchez des
exemples, il n'en manque pas. Même la politique, sujet dévorant, la politique
ne prend l'ampleur que l'on nomme philosophique que par le conflit permanent
de politique et religion. L'esthétique s'appuie sur les temples et sur les
formes divines. La morale se confond presque avec la religion. La logique
n'est réellement qu'un examen des raisonnements de métaphysique, surtout des
preuves de Dieu. Bref la religion nous porte à la philosophie. Seule elle
offre à la réflexion des objets non arbitraires, ce qui réduit la philosophie
à une Critique. C'est ce que j'admets sans restriction. Que ceux qui
chercheraient ici quelques derniers mots sur la religion et l'irréligion se
détournent vers d'autres ouvrages où nous pensons que la religion ne sera pas
considérée aussi amicalement, aussi fraternellement que dans ces Propos-ci.
Quel est le but ? Il s'agit de vivre en bon voisin avec la religion, qui, dans
le fait, vient toucher nos moindres pensées. Il s'agit encore de se délivrer
pour toujours de ce qu'on a appelé d'un vilain mot, anticléricalisme, et qui
en effet n'est à craindre que s'il serre le nœud de l'esclave. Il faut penser
à la religion librement et sans humeur. C'est ce qu'on trouvera ici proposé et
c'est ce qui étonnera les critiques, qui veulent que l'on prenne parti pour ou
contre les bûchers. Sur ce sujet-là, justement, on aura beaucoup gagné si, par
divers chemins, on s'approche un peu du fanatisme tel qu'il est, et tel qu'il
est par la vertu de l'homme. Pareillement retrouver le sentiment religieux
dans les populations les plus naïves, en faire en quelque sorte, l'histoire
naturelle ou la physiologie, ce sera s'y reconnaître, ou mieux, reconnaître en
soi le fétichiste, le métaphysicien, le superstitieux. Tel est le principe de
la véritable tolérance, qui exclut entièrement le mépris. [...] Par ces
exercices le lecteur fera l'expérience si importante de ceci, que les grandes
œuvres de l'esprit ne peuvent être dites ni vraies ni fausses, ce qui est
surtout sensible de la religion qui est une chose humaine aussi naturelle que
le Parthénon ou la Vénus de Milo. La réconciliation est en vue par ces
remarques, ainsi qu'un nouvel âge où l'on ne réfutera personne, ce qui ouvrira
à tous le chemin de penser." — Alain (Extrait de la préface).
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