La mémoire à l’œuvre
EAN13
9782848677415
Éditeur
Presses universitaires de Franche-Comté
Date de publication
Collection
Annales littéraires
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Entre le Moyen Âge et nous, la mémoire collective invite à modifier ses
premières attaches. Les croyances, les discours et les marques de pouvoir se
multiplient autour des reliques, des miracles et des églises. Décors et objets
deviennent instables. Chaque lieu d’origine est topique : le désert brûlant
est affecté à l’ascèse, mais un autre regard jugera la Thébaïde parfaite pour
une vie de Robinson. La Table Ronde tournoie surtout pour alimenter des
exploitations saugrenues tandis que le Graal traverse des terres et des
paysages où le mystère s’approfondit. Et quand le vers épique de Fierabras
investit la prose ou le théâtre, les coordonnées spatio-temporelles du pont de
Mautrible doivent déménager. Les figures d’Alexandre, de Soundjata,
d’Élisabeth de Hongrie, de Henri IV, de Parsifal ou de Merlin défilent sur le
podium du temps avec plus ou moins fière allure. Selon les époques la renommée
qui salue leur passage entonne louanges ou calomnies. L’honneur des lignages
appartient au domaine de l’historiographie. Un exercice de légitimation permet
à la Normandie d’exploiter le souvenir de Rollon. Perceval de Cagny défend les
intérêts d’une famille ; la Cronica de Salimbene offre une vision franciscaine
davantage personnalisée, tandis que, du « journal », Jean de Roye se fait une
conception plus unie. Quant à l’ancienne poésie lyrique, elle investit encore
l’oralité de plusieurs continents. À Toulouse une tenson alimente un « duel de
tchatche » ; une autre, au Brésil, donne lieu à une bataille d’improvisation ;
ou les équivoques et les prouesses formelles d’Arnaut Daniel vibrent à
nouveau, grâce à Augusto de Campos, en version portugaise. Jamais le temps ne
suspend son vol. L’heure est toujours propice, après la fondation, aux
déplacements inopinés, aux reformulations, à la mouvance des codes et des
discours tenus. Une seule chose est sûre, c’est que la memoria ne se laisse
pas fixer.
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